Regards post-socialistes sur la politique et l’altĂ©ritĂ©
Pour la septième séance de l’Atelier doctoral “Décentrement culturel et circulation des savoirs : expériences périphériques“, nous discuterons les présentations de Yunyun ZHOU (Chine) et Oxana GILYUK (Russie )
Adresse: EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris (salle A06_51)
Date: jeudi 9 mai 2019, entre 15h – 17h
De l’« imaginaire » au social : la formation des représentations de l’Occident chez les Russes nés en 1980-1990
Par Oxana Gilyuk (Docteure en sociologie / Centre Maurice Halbwach)
Cette intervention s’appuie sur les résultats d’une enquête par entretiens, menée dans le cadre de ma thèse en sociologie qui porte sur la migration étudiante des Russes vers la France. Mon objectif ici est de mettre en évidence que le rapport des Russes, ou d’autres populations, envers l’Occident est socialement construit, à savoir représente le résultat d’un apprentissage – nommée dans ma thèse « la socialisation à l’étranger occidental » – qui se met en place très tôt dans la biographie individuelle et dans lequel les institutions familiale et scolaire participent. Dans ce but, je suggérerai, dans un premier temps, la nécessité d’abandonner les termes comme « imaginaire » ou « illusion » que beaucoup de chercheurs évoquent pour rendre compte de l’acte de migrer, ainsi que l’importance de restituer le processus de la formation des représentations à de petites échelles de la vie sociale. Dans un deuxième temps, je tenterai de montrer, à partir des informations qu’offrent mes interviewés, quels sont les participants, les lieux et les mécanismes de la socialisation à l’étranger. Tout au long de mon intervention, je soulignerai le caractère non intentionnel et transversal de ce processus : à l’instar de la socialisation genrée ou politique, la socialisation à l’étranger ne se fait pas obligatoirement de façon préméditée et n’est pas isolée d’autres apprentissages sociaux. Au final, pour acquérir des représentations de l’Occident, voire l’incorporer, nul besoin de faire des choses particulières ou de se rendre dans des endroits spéciaux ; il suffit d’être socialisé tout simplement, en tant que membre de la société. De surcroît, une fois commencée, la socialisation à l’étranger se poursuit, et les produits des apprentissages les plus précoces ne sont pas forcément détruits par des apprentissages plus récents.
La représentation politique de qui ? Femmes cadres du parti communiste et gouvernance locale dans la Chine post-socialiste
Par Yunyun ZHOU (Doctorante Université d’Oxford / CRESPPA)
Dans l’histoire du monde, les relations entre «Femmes» et «États» traversent souvent une longue et pénible évolution: de l’antithèse des unes aux autres à la coercition unidirectionnelle des femmes par l’État et, par la suite, elles finissent par devenir deux politiques interdépendantes. catégories. Alors que les théories sur la participation et la représentation politiques des femmes dans les démocraties libérales ont été largement développées au cours des dernières décennies, peu de travaux scientifiques ont développé le statut politique des femmes au sein des partis léninistes et des États autoritaires. Ma thèse de doctorat a pour objectif de présenter l’histoire vivante de «cadres femmes communistes» occupant des postes de responsabilité dans la politique locale contemporaine de la Chine et leurs relations dialectiques avec le parti-État. À travers la révélation des récits de vie moins connus de cette collectivité politique particulière, mes recherches visent à découvrir la relation dialectique à plusieurs niveaux entre individus, collectivités et États du parti, qui implique à la fois discipline et résistance, incarnation et aliénation. À travers la révélation de ces histoires hautement individualisées, sexospécifiques et politisées, cette recherche élargit la théorisation existante sur la relation État-société et revisite les limites des théories classiques de la représentation politique dans des contextes non démocratiques.