Atelier doctoral

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Mémoire et identité coloniales et postcoloniales

Pour la sixième séance de l’Atelier doctoral “Décentrement culturel et circulation des savoirs : expériences périphériques“, nous discuterons les présentations de Clémence Léobal (Docteure Iris/EHESS) et Flora Losch (Doctorante CAK/EHESS)

Date: jeudi 11 avril 2019, entre 15h – 17h

Adresse: EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris (salle A06_51)

L’expĂ©rience du dĂ©centrement en Outre-Mer: regards bushinenguĂ©s sur les politiques de logement françaises en Guyane

Par Clémence Léobal (Docteure en sociologie, Iris/EHESS)

Cette communication analyse les rapports sociaux de classe, race et nationalitĂ© qui sont Ă  l’œuvre dans les situations de dĂ©molition ou de logement en Guyane, Ă  partir des rĂ©sultats d’une thèse soutenue en 2017 sur le sujet. J’analyse notamment la façon dont les habitants bushinenguĂ©s catĂ©gorisent les agents de l’État (et l’enquĂŞtrice) Ă  l’aune d’une analyse des catĂ©gories locales de la blancheur. Alors que la catĂ©gorie de « weti Â» dĂ©signe la couleur blanche, celle de « bakaa Â» renvoie directement Ă  un rapport de domination ancrĂ© dans les rapports de classe et de race issus de l’histoire esclavagiste pan-caribĂ©enne. Ces catĂ©gories sont mobilisĂ©es de manière diverses lors des nĂ©gociations autour du dĂ©logement ou du logement social.

Cette recherche est centrĂ©e sur le point de vue des habitants sur les interactions avec les agents de l’État. Elle s’inscrit dans la discussion sur l’État et sur les politiques, dans la continuitĂ© des travaux de Timothy Mitchell : l’État est insĂ©rĂ© dans les relations sociales, et incarnĂ© par des agents. Enfin, elle contribue Ă  une discussion sur le concept de racialisation, inspirĂ©e par le travail pionner de Collette Guillaumin qui invite Ă  spĂ©cifier le majoritaire, c’est-Ă -dire le Blanc. Ce travail est une proposition ancrĂ©e dans une mĂ©thodologie ethnographique : le regard des minorisĂ©s, en prenant une place centrale, permet de spĂ©cifier la blancheur.

2018 : « La blancheur bakaa, une majoritĂ© bien spĂ©cifique : race, classe et ethnicitĂ© dans les situations de dĂ©molition Ă  Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane Â», Asylon(s).Digitales 15, fĂ©vrier 2018.

Diffuser et rĂ©gner ? Circulations des savoirs et technologies audiovisuelles et dĂ©/re-compositions de l’espace impĂ©rial en Afrique de l’Ouest (c. 1955-)

Par Flora Losch (Doctorante CAK/EHESS)

Les tĂ©lĂ©visions nationales ouest-africaines ont souvent Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es comme de simples prothèses occidentales produits du transfert. A partir de ma recherche doctorale, je m’attacherai Ă  montrer qu’au contraire, elles sont le produit d’une histoire circulatoire bien plus que le rĂ©sultat d’imports. CrĂ©Ă©es après les indĂ©pendances de 1960, alors que les Etats dĂ©sormais souverains sur le plan international coopĂ©raient encore Ă©troitement avec l’ancienne administration coloniale, mais tissaient dans le mĂŞme temps de nouveaux rĂ©seaux en contexte de Guerre froide, leur mise sur pied a en effet impliquĂ© une multitude de mouvements, humains et non-humains (professionnels en formation et formateurs, parcs d’émetteurs-rĂ©cepteurs, appareils d’enregistrement et de lecture, langues et programmes). En suivant dans le temps et l’espace deux entitĂ©s intangibles, une forme organisationnelle et une technologie (deux tentatives de fixer et standardiser), je montrerai que les savoirs et les techniques de la tĂ©lĂ©vision n’ont pu ĂŞtre simplement « diffusĂ©s, Â» mais qu’ils sont Ă  l’inverse le produit d’un processus incrĂ©mental fait d’allers et retours – et que la tĂ©lĂ©vision, pour pouvoir devenir une technologie globale, a d’abord dĂ» prendre localement dans des modalitĂ©s propres.

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