ĂŠtre Ă©tudiant ou chercheur Ă©tranger : regards critiques sur des parcours acadĂ©miques en EuropeÂ
Pour la deuxième sĂ©ance de cette annĂ©e de l’Atelier doctoral “DĂ©centrement culturel et circulation des savoirs : expĂ©riences pĂ©riphĂ©riques“, nous ecouterons et discuterons deux interventions sur les conditions des Ă©tudiants Ă©trangers en Europe. Cette session est particulièrement intĂ©ressante car elle contribue Ă alimenter le dĂ©bat compte tenu de la situation politique actuelle dans laquelle le gouvernement français a annoncĂ© une augmentation des frais d’inscription aux universitĂ©s pour les Ă©tudiants “non europĂ©ens”.
Date: 13 decembre entre 15h – 17h
Adresse: EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris (salle A06_51)
La politique française d’accueil des étudiants étrangers : entre le désir d’attractivité et l’obsession du contrôle
Par Hicham JAMID (Doctorant-ATER au LISE (CNRS-UMR3320) du Cnam-Paris & ORMES, Université Ibn Zohr d’Agadir)
En France, les étudiants étrangers ne constituent pas une catégorie homogène. Dans cette communication, nous n’appréhendons que les trajectoires et les expériences de ceux issus des pays hors Union Européenne. C’est-à -dire ceux qui sont soumis aux procédures de demande de visa « étudiant » et à l’issue de leur formation, sont contraints d’engager une démarche administrative de « changement de statut » s’ils souhaitent travailler et séjourner légalement en France. Pour l’année 2017, ce sont plus de 78 000 premiers permis de séjour qui ont été délivrés pour « raisons liées à l’éducation »[1].Si ces étudiants étrangers sont souvent considérés comme des candidats « désirables » à l’immigration en France, il n’en demeure pas moins qu’ils sont traités comme tout étranger, soupçonné en permanence de devenir ultérieurement en situation juridique irrégulière.
Ainsi, il s’agit dans cette communication de montrer comment et dans quelle mesure le statut juridique de ces étudiants étrangers configure-t-il leurs projets migratoires et professionnels une fois leur diplôme obtenu. Quelles contraintes rencontrent-ils pour pouvoir prétendre à un permis de travail leur permettant une insertion professionnelle en France et quelles stratégies mettent-ils en œuvre pour y faire face ?
[1] http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=migr_resedu&lang=fr
Décentrer la globalisation des sciences sociales : notes sur les notions de circulation et précarité
Par Vinicius KauĂŞ FERREIRA (Doctorant en Anthropologie Sociale et Ethnologie Ă l’EHESS – Paris)
Dans une époque de privatisation de l’université et de grande mobilité académique entre le Nord et le Sud Global, quels sont les éléments à être interrogés de façon critique afin de dépasser le sens commun savant autour d’une ainsi-dite « globalisation des sciences sociales » ? Quelles sont les relations existantes entre la croissante mobilité académique, supposée diversité épistémologique et la néolibéralisation de la recherche ?
À partir d’une recherche ethnographique sur les trajectoires de chercheurs d’origine indienne en sciences sociales faisant carrière académique en Europe, je propose une réflexion sur la vie menée par celles et ceux qui, ayant achevé leur doctorat mais n’ayant pas trouvé une poste permanent comme chercheur/enseignant, donnent suite à leur parcours académique à travers de postes temporaires en différents pays de l’Europe dans un cadre de mobilité indéterminée. Cette analyse sera spécialement centrée sur une enquête de terrain menée en Allemagne et en Angleterre, mais touchera aussi à la situation vécue par ces mêmes sujets dans d’autres pays dans la mesure où ces circulations témoignent de dynamiques éminemment transnationales. En somme, il s’agira de porter une analyse critique sur les conditions et stratégies employées par ces chercheurs dans la construction de projets de vie concernant non seulement leur parcours professionnel mais aussi le domaine de l’affectivité, sexualité, conjugalité et d’un certain sens d’appartenance.