Circulation des savoirs, circulation des regards: recherches décentrées autour de la santé
Pour la troisième sĂ©ance de l’Atelier doctoral “DĂ©centrement culturel et circulation des savoirs : expĂ©riences pĂ©riphĂ©riques“, nous discuterons les prĂ©sentations de trois doctorants brĂ©siliens Matheus Alves Duarte da Silva (CAK-CRHST), LaĂs Geiser (IRIS) et Alila Brossard Antonielli (Cermes3)
Date: 5 avril 2018 entre 15h – 17h
Adresse: EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris (salle A05_51)
Et si nous n’avions jamais été périphériques ? Notes sur une recherche polycentrique en histoire des sciences
Par Matheus ALVES DUARTE DA SILVA
Les concepts de « centre et périphérie » et de « centre de calcul » ont influencé les travaux de dernières générations d’historiens des sciences en Amérique Latine. Dans ma thèse de doctorat, j’essaie de remettre en question ces idées, en m’intéressant plutôt aux circulations scientifiques et à la construction de savoirs à une échelle globale. En ce sens, ma recherche peut être qualifiée de « polycentrique », puisqu’elle porte sur des échanges et des rencontres entre des médecins basés au Brésil, en France et en Inde, au sujet d’une maladie en particulier, la peste bubonique, entre 1894 et 1914. Sans nier les asymétries, de nature scientifique ou en matière de pouvoir, j’essaie avant tout de comprendre les tensions provoquées par ces rencontres. Pour essayer d’exemplifier cette approche méthodologique, et afin de réfléchir à ma propre démarche intellectuelle en France, je présenterai une étude de cas tirée de ma thèse : les tests réalisés à Bombay, entre 1902 et 1903, sur un vaccin fabriqué à São Paulo. Ainsi, j’analyserai comment, dans ce cas, les rapports de force et les asymétries ont été négociés par les acteurs qui se trouvaient au Brésil et en Inde, et comment l’histoire de ces négociations invite à complexifier notre compréhension des notions de « centres » et de « périphéries ».
Double appartenance ou double absence? Positions relatives du chercheur dans ses terrains
Par Alila BROSSARD ANTONIELLI
En partant de mon expĂ©rience en tant que BrĂ©silienne ayant fait sa scolaritĂ© puis son enseignement supĂ©rieur dans le système français, j’essayerais de dresser quelques rĂ©flexions sur une double appartenance ou une double absence, selon les situations, de ma position dans les diffĂ©rents terrains que j’ai pu mener au BrĂ©sil, en France, au PĂ©rou et au Mozambique. Ma contribution tentera de densifier l’opposition centre/pĂ©riphĂ©rie en considĂ©rant Ă la fois la position dans l’Ă©chelle sociale et le champ de recherche de la sociologie de la santĂ©.
Les rapports centre – périphérie au regard du risque sanitaire
Par LaĂs GEISER
À partir d’une étude ethnographique sur la médecine des voyages en France menée dans le cadre de mon doctorat, je souhaite poser quelques réflexions sur les catégories de centre et de périphérie, ainsi que sur d’autres dichotomies qui se chevauchent souvent telles que Nord/Sud, développé/en développement, ou tempéré/tropical. Des éléments comme le climat, la saleté, la pauvreté et les animaux s’assemblent et constituent des étiologies aux contours flous, repérées à la fois dans le discours médical et dans celui des profanes. Au sein de cette pratique médicale, le risque sanitaire se produit lorsqu’un individu se déplace du centre vers la périphérie ; cependant, ces positions demeurent relatives. Ma position de chercheuse originaire d’un pays vu comme étant à risque, et donc périphérique par rapport à la France, imprègne mes interactions sur le terrain ainsi que mes réflexions.