Circulations scientifiques et gestion de l’environnent en Amazonie et en Arctique
Pour la cinquième séance de l’Atelier doctoral “Décentrement culturel et circulation des savoirs : expériences périphériques“, nous discuterons les présentations de Nathalia Capellini et de Sophie Duveau
Date: 14 mars 2019 entre 15h – 17h
Adresse: EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris (salle A06_51)
Savoirs et pratiques sur la gestion environnementale dans la construction de barrages Ă l’Amazonie BrĂ©silienne : quelles circulations globales ?
Par Nathalia Capellini (Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles SQY – Paris Saclay) .
Le vingtième siècle a connu une croissance exponentielle de la construction de grands barrages et leur prolifĂ©ration dans le monde entier. Pendant ce temps, les barrages sont devenus plus hauts, les rĂ©servoirs plus grands et les travaux nĂ©cessaires pour complĂ©ter ces infrastructures ont impliquĂ©s de interventions de plus en plus radicales sur les paysages et l’hydrologie. Cette expansion n’a pas Ă©tĂ© un processus sans controverse. Au fur et Ă mesure que les barrages se dĂ©ployaient, en nombre et dans l’espace, le rĂ©cit d’un progrès sans fin (et inoffensif) pour tous devenait de plus en plus contestĂ©. Avec des rĂ©sultats très mitigĂ©s, l’industrie des barrages a progressivement intĂ©grĂ©e les critiques et a adoptĂ© un vaste ensemble de directives, pratiques et rĂ©glementations Ă son activitĂ©. Comment et par quels moyens la contestation est traitĂ©e par le secteur des grands barrages ? Quelles circulations des savoirs, pratiques et rĂ©glementation sont Ă l’œuvre? Quels sont les acteurs de ce dĂ©bat et oĂą se situent-ils ? En effet ce processus a impliquĂ© un large nombre d’acteurs, individuels ou institutionnels, issus de diffĂ©rents secteurs de la sociĂ©tĂ©. Cette prĂ©sentation a comme but d’éclairer cette dynamique, pour enrichir la narrative sur la gouvernance globale de l’environnement.
Les scientifiques et les autres lors d’une expĂ©dition polaire: une hiĂ©rarchie des savoirs ?
Par Sophie Duveau ( Centre Alexandre KoyrĂ© – CNRS/EHESS/MNHN)
Prolongeant le grand partage entre modernitĂ© et tradition, nous et les autres, la figure actuelle du scientifique exclut une quantitĂ© de pratiques et de discours, en particulier les savoirs que portent sur eux-mĂŞmes les acteurs. Savoirs Ă©miques, traditionnels, profanes, populaires, locaux ou encore autochtones : les termes pour les qualifier abondent et entrent en contradiction avec l’idĂ©ologie de la science. Quel statut dĂ©cidons-nous de donner aux savoirs qui se dĂ©veloppent en marge de nos institutions ; en dehors des frontières acadĂ©miques ? Devons-nous les disqualifier parce qu’ils prĂ©sentent un aspect utilitaire, les ignorer parce qu’ils sont particuliers ou produits par des « non spĂ©cialistes » ? Ă€ partir de nos propres travaux, nous nous proposons d’ouvrir une rĂ©flexion conceptuelle sur la science ainsi que sur les enjeux mĂ©thodologiques d’une histoire sociale des sciences Ă parts Ă©gales. Nous tenterons de rĂ©habiliter la diversitĂ© des cultures Ă©pistĂ©miques en montrant comment Ă©ventuellement se nourrissent les savoirs d’acteurs aux diffĂ©rents statuts lors d’une expĂ©dition polaire. Il s’agira en somme d’étendre l’approche du relativisme culturel, ainsi que sa mĂ©thode du dĂ©centrement, Ă l’objet que constitue l’epistĂŞmĂŞ.