Décentrer l’histoire de la bactériologie
Pour la première séance de cette année de l’Atelier doctoral “Décentrement culturel et circulation des savoirs : expériences périphériques“, nous ferons une introduction générale à l’atelier et nous discuterons ensuite la présentation de Shiori NOSAKA (Japon)
Date: 15 novembre entre 15h – 17h
Adresse: EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris (salle A06_51)
Décentrer l’histoire de la bactériologie autour des controverses de la tuberculine au Japon
Par Shiori NOSAKA (Cermes3)
Si la notion de décentrement nous a permis, en histoire des sciences et de la médecine, de mettre en cause le rapport entre les centres et les périphériques, elle a fait émerger dans l’historiographie japonaise une tentative de dépasser la vision de la modernisation réalisée par l’introduction du savoir occidental et a fait valoriser le savoir local et son hybridation avec les autres. Compte tenu de ce courant, ma thèse, portant sur l’histoire de la bactériologie au Japon, essaie de faire confronter la notion de décentrement à l’analyse d’une techno-science dont l’origine est significativement marquée par l’Europe. Pour ce faire, ma thèse suppose que les controverses autour de cette science médicale n’ont jamais cessé en Europe même ni ailleurs, afin de montrer comment les controverses, les tensions, la méfiance et l’espoir portés sur cette science se conjuguent à d’autres contextes, et comment leur trajectoire se forme selon les techniques mobilisées et les rapports de force des acteurs concernés. Dans cette intervention à l’atelier sur le décentrement, je vais présenter une histoire de la tuberculine, médicament contre la tuberculose inventé en Allemagne en 1890, c’est-à -dire au moment de la formation de la bactériologie, mais qui s’est révélé d’emblée dangereux. Nous examinerons comment l’ensemble de controverses a été problématisé et discuté au Japon, mais également comment ces évènements ont permis la production et la commercialisation du médicament en question.